Dans l’évangile de Jean, Jésus fait un long discours à ses disciples, avant son arrestation. À un moment, il prononce une phrase qui crée le quiproquo : « Quant au lieu où je vais, vous en savez le chemin. » Alors Thomas lui dit : « Seigneur, nous ne savons même pas où tu vas, comment en connaîtrions-nous le chemin ? » (Jn 14.4-5) Je comprends, ô combien, la question de Thomas et je la comprends encore mieux ces jours-ci : on va où, là ?
On voudrait bien avoir plus d’idées sur ce qu’on pourra faire dans un mois, sur les contraintes que l’on continuera à avoir, sur les personnes que l’on sera autorisé à aller voir (et de quelle manière ?), sur ce qui sera autorisé et interdit, sur le devenir de l’épidémie, et tout ce qui s’en suit. Suivant la subjectivité de chacun, on imagine une évolution positive et rapide, ou bien on imagine le pire. À titre personnel, j’ai surtout du mal à imaginer quoi que ce soit. Il y a comme un gros brouillard.
Et donc, je reviens à la question de Thomas : j’aimerais bien avoir un but, construire des priorités, avoir de la visibilité.
Mais la réponse de Jésus calme toutes ces ardeurs et toutes ces questions. Il dit à Thomas qu’il se pose la mauvaise question. La bonne question n’est pas « où va-t-on ? », mais quel est le chemin ? Ce qu’on fait au jour le jour et la manière dont on le fait a plus d’importance que le but vers lequel on se dirige. Et, dit Jésus : « c’est moi qui suis le chemin » (v 6).
Et c’est là ce qui importe : la route se découvre virage après virage ? Peut-être. Mais Jésus est toujours notre chemin. On ne sait pas combien il reste de kilomètres, quels seront les obstacles sur la route ? Mais Jésus est le chemin. C’est lui qui nous ouvre la voie et c’est lui que nous sommes appelés à suivre, dans le brouillard, comme par temps clair.
Frédéric